Le « K » alias Seyidina Alioune Diallo, un retour au hip-hop engagé après une parenthèse onusienne

Depuis 2016 consultant, puis responsable de communication pour plusieurs projets du Bureau international du travail (BIT) en Mauritanie, Seyidina Alioune Diallo a rompu les amarres en juin 2023, pour revenir à ses premiers amours, le hip-hop. Avec son groupe Maxi révolution composé de Hamady Diop dit Soldier Hems, Lamine Ardo Ba dit Military Mind et le « K », un groupe qui lui a permis de se distinguer en 2011, lors du 5ème festival Assalamalekum, en remportant le deuxième place du concours Assalamalekum découverte après ZIZA, et la participation du groupe à l’édition suivante en 2012.

L’exil

Il a rejoint un des membres de groupe et ami d’enfance, Soldier Hems, installé depuis quelques années à Bruxelles. Ce nouveau fronton, ils comptent le bâtir tous les deux à partir de la capitale bruxelloise.

L’enfance

Seydina Diallo – Crédit Aidara

Seyidina Alioune Diallo, alias « K » et Soldier Hems, se sont lancés très jeunes dans les faubourgs de Nouakchott, les deux, enfant de l’Ilot A , dans leur passion, le hip-hop. Ils ont partagé tout, la musique, l’école, et surtout cette rage de mettre à nue les abus dans leur pays.

Dans le feu de l’action

Leurs textes sont percutants. Ils se défendent de verser dans la violence, mais prônent la défense de la justice, l’équité et l’égalité entre les citoyens mauritaniens. Ils s’inscrivent ainsi dans la dénonciation des droits bafoués, n’hésitant pas égratigner au passage les politiques mal conçues du pouvoir de Nouakchott. Selon le « K », « La provocation reste parfois le seul moyen pour attirer l’attention des autorités mauritaniennes »

« Sur scène, ils crient leur colère, voguent au gré de leur flow. Avec des idées très bien vissées, … Maxi Révolution ne sait pas caresser l’Etat dans le sens du poil et surtout n’a même pas froid aux yeux et le fait savoir » faisait remarquer le journaliste culturel Babacar Ndiaye dans un article publié dans Cridem le 3 juin 2011.

Forcé de partir

Seyidina Alioune Diallo a assisté avec douleur, il y a quelques années, au départ de son ami, qui a choisi de s’exiler en Belgique, dans le sillage d’autres groupes mauritaniens, soumis à l’oppression de pouvoirs successifs qui ne tolèrent pas les critiques. C’est le cas du groupe Djamen Tekki et Ewlad Leblad, mais aussi d’autres artistes qui n’ont pas trouvé en Mauritanie un environnement favorable à leur épanouissement, à l’image de l’artiste-peintre Mélaïnine, installé depuis des lustres en France, mais aussi celle du jeune cinéaste Djibril Diaw qui a eu un moment des problèmes avec les autorités, notamment lors du tournage de son documentaire sur « Donaye ».

Sa dernière apparition fut son feat avec le rappeur mauritanien « Le Baron » pour sensibiliser sur les dangers du Covid et la nécessité de respecter les gestes barrières en septembre 2021.

Une carrière onusienne brisée

Le brusque virage de Seydina Alioune Diallo, brillant assistant en communication du BIT, et à qui certains prédisaient une carrière dans le système des Nations Unies, pour revenir au Rap, reste énigmatique.  Ceux qui connaissent l’homme ne semblent pourtant nullement surpris par ce choix.

L’âme d’un révolutionnaire

Selon leurs témoignages, « calme et réservé, l’engagement de Seydina Alioune Diallo dans les causes qu’il a toujours considérées comme légitimes, en particulier les inégalités sociales, le racisme et la discrimination dont les noirs sont victimes, ne pouvaient être détournées par un quelconque autre motif ».

C’est pour renouer avec cette ferveur, qu’il a jugé opportun de retourner aux sources de sa passion, le hip-hop, après tant d’années de silence, muselé qu’il fut par ses fonctions au BIT et par un environnement défavorable en Mauritanie.

Il marque son retour avec la sortie d’un nouveau clip engagé et très critique sur la politique mauritanienne, « Mi winno », comme pour dire j’avais prédit les difficultés que la jeunesse mauritanienne vit actuellement.

Il déclare lui-même : « la préparation d’un EP qui risque d’être très controversée vue les positions habituellement critiques envers le gouvernement ».

Cheikh Aïdara