Tourisme culturel en Mauritanie, réalités et contraintes

Par Yero Amel NDiaye

La Mauritanie est un pays connu pour sa culture, très ancienne, résultat de métissage et de brassage entre les peuples du Nord et de l’Afrique subsaharienne. Cette terre  de rencontre  secrète  l’une des civilisations  qui intéresse les férus de la Culture

Au Nord et à l’Est, Les villes historiques, Chinguitti, Ouadane , walata et Tichit ont jadis constitué des oasis de savoirs et de sciences islamiques dans un désert implacable. Elles regorgent encore de manuscrits dans toutes les disciplines, d’infrastructures, d’arts et de traditions  millénaires.  Koumbi Salah, la Capitale de l’empire du Ghana a été découverte dans cette région. La mosquée et le quartier administratif sont sortis des sables. Azougui, « la cité des almoravides » serait située  tout près d’Atar. A l’Ouest, le Parc National du Banc d’Arguin  est célèbre dans le monde entier par la pêche traditionnelle que pratiquent depuis belles lurettes les imraguens. Un peuple qui a su conservé ses us et coutumes multiséculaires.  Partout, le patrimoine immatériel est d’une richesse extraordinaire  au « pays du million de poètes ». La musique des griots, la poésie épique et romantique, « le henné, art des femmes mauritaniennes »… Cette exception culturelle attire chaque année plusieurs touristiques qui viennent visiter. Le circuit Adrar- Banc d’Arguin- Diawling  a enregistré un nombre record d’arrivées dans les années 1990. Ce qui a permis à plusieurs familles de vivre des retombées du tourisme. La crise sécuritaire dans le Sahel des années 2000 a plongé le secteur dans une totale léthargie.

La disparition des édifices culturels défavorise le Tourisme

Malgré les énormes potentialités dont regorge  le pays, le Tourisme culturel souffre de plusieurs maux.  L’absence d’une volonté politique basée sur une stratégie claire est son plus grand mal. Le chevauchement  des compétences  entre plusieurs institutions étatiques, Ministère de la Culture et celui en charge de l’artisanat, complique sa gestion. De même le patrimoine culturel bâti qui aurait pu attirer beaucoup de visiteurs a très vite disparu dans tout le pays. Pour exemple, les restes du poste colonial de Nouakchott se  trouvent aujourd’hui dans l’enceinte d’une grande société d’état. Le siège de la première Assemblée Nationale, la maison qui servait de résidence au père de la nation et  le  premier site de Radio Mauritanie  sont oubliés dans un quartier proposé à la destruction. Pire encore, la maison du célèbre navigateur Antoine de Saint-Exupéry est actuellement une prison. Le non professionnalisme  des acteurs a pour corollaire l’absence de métiers liés au tourisme.  La vente de biens culturels miniaturisés- le minaret de la mosquée de Chinguitti, les portes de Walata, les barques des imraguens…-  serait  un atout. Mais pour en arriver là, il faudra d’abord  rompre avec  les  insuffisances  et l’absence de prospectives du moment.